histoire du peuple baoulé
Une des premières légendes qui ont bercé mon enfance, en Côte d'Ivoire : l'histoire de la reine Pokou. Il y a longtemps, vivait dans le Ghana actuel le grand peuple Akan. Une reine, belle, intelligente et courageuse, le gouvernait avec amour. Elle s'appelait Abla Pokou. Son royaume vivait en paix, lorsqu'un jour une grave querelle éclata dans la famille royale. Les ennemis de la reine Pokou s'allièrent à un autre roi, très puissant, qui envahit le territoire des Akans. Les ennemis étaient nombreux et bien armés. La reine, vaincue, fut obligée de fuir avec ceux qui lui étaient fidèles. |
Ils marchèrent vers l'Ouest, pour échapper à leurs poursuivants. Les fuyards ignoraient la fatigue. Ils marchaient le jour, ils marchaient la nuit. Ils ne craignaient ni la pluie ni le soleil. Ils traversèrent de rares clairières et durent affronter la forêt dense, la forêt sans piste. Les poursuivants s'acharnaient, gagnaient du terrain, se rapprochaient. Un soir, les éclaireurs apportèrent une mauvaise nouvelle. un grand fleuve barrait la route vers l'Ouest. Peu après, l'expédition arriva au bord du fleuve dont les eaux superbes s'écoulaient majestueusement. La panique s'empara alors des hommes d'Abla Pokou. Comment traverser le fleuve ? Il fallait donc rester là et affronter un ennemi beaucoup plus puissant. Le komien, le sorcier, consulta les dieux. Ceux-ci répondirent qu'il fallait leur offrir ce qu'ils avaient de plus précieux. On pensa que les génies parlaient des richesses qu'on avait emportées. On rassembla les diamants, l'or et les bijoux de la reine. Les génies du fleuve refusèrent : ils s'expliquèrent plus clairement. Le komien traduisit le désir des génies d'une voix mal assurée : - Les génies demandent qu'un enfant soit sacrifié. Ils demandent que l'enfant le plus précieux leur soit immolé. Un silence lugubre suivit les paroles du komien. Personne n'osait regarder le jeune fils de la reine qui dormait sur le dos d'une de ses tantes. Malgré sa douleur, la reine Pokou décida de sauver son peuple. Le sorcier reçut l'ordre d'immoler le prince. La reine Pokou jeta son enfant dans le fleuve pour sauver son peuple. Aussitôt après ce sacrifice, des hippopotames énormes surgirent des eaux et firent un pont de leur dos. et la foule des fuyards passa d'une rive du fleuve à l'autre. La reine fut la dernière à traverser. Sur l'autre rive, elle trouva son peuple prosterné. Reconnaissant, il rendait hommage à sa reine de l'avoir sauvé. La reine Pokou était heureuse, mais elle ne pouvait s'empêcher de pleurer son enfant. Elle murmura : "Ba ouli, l'enfant est mort !". Le peuple comprit ce cri de douleur d'une mère. Et pour remercier sa reine, il prit comme nom ce cri qui est devenu "Baoulé". *Texte de Amadou Koné, tiré du livre Terre ivoirienne, éd. Ceda 1979 : c'était mon livre de lecture en classe de 7ème.
* voir d'autres documents sur l'histoire de la reine Pokou : - un article de Aïssi Konan dans L'Arbre à palabres n° 18 (revues plurielles) - un article de Oumar Diawara sur le site malikounda * les vignettes présentent toutes des masques baoulé : cliquer sur les images pour les voir en grand * un autre masque baoulé ICI * voir la page wikipedia sur les baoulé LÀ
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