Guillevic
Petit extrait repris de http://membres.lycos.fr/crcrosnier/articles/guillevic2007.htm
GUILLEVIC (1907-1997),
UN POÈTE BRETON RÉSOLUMENT CONTEMPORAIN |
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Sa biographie
Eugène Guillevic est né à Carnac, dans le Morbihan, le 5 août 1907 et il n’oubliera pas sa région natale puisqu’il la célébrera plus tard dans ses poèmes, allant jusqu’à nommer « Carnac », un de ses recueils.
Il est né dans une famille de paysans pauvres et d’artisans. Son grand-père paternel était tisserand de village, tandis que sa mère était couturière. Guillevic quitte Carnac à l’âge de deux ans et n’y reviendra que pour des séjours temporaires ou pour des vacances mais restera marqué par ce site.
Son père, marin, devient gendarme. Guillevic est alors ballotté au rythme des garnisons. Sa mère ne reflète pour lui, que la sévérité. Toute l’enfance du poète se passera sous le signe de la pauvreté : une existence à la limite du dénuement pour l’enfant et son jeune frère, des vêtements qui seront toujours taillés dans d’anciennes tenues du père, jamais un seul jouet. Il confiera plus tard sa souffrance d’enfant devant un père réputé « coureur de jupons » et d’une mère « dévote ». Il gardera de ce passé, un besoin d’affection inassouvie et une blessure ancrée en lui. De plus il avait l’impression physique d’être laid ; il se sent alors rejeté et paria. Il écrit dans « Vivre en poésie » : « Enfant, j’ai toujours été pauvre, malheureux, persécuté. » (Jean Pierrot, Guillevic ou la sérénité gagnée, p. 251) Il a alors trouvé son idéal dans la poésie qui efface toutes les angoisses en les exprimant par des mots qui deviennent les pansements du cœur blessé.
On lui interdit d’apprendre le breton. Il parle alsacien et allemand. Ses parents forment un couple désuni. Il aimera plus tard en secret une jeune fille, Marie-Clothilde, qui mourra à seize ans ; son souvenir le hantera toute sa vie. Il goûtera à la poésie lors de ses longs trajets en train -quatre heures par jour- entre son domicile et l’école. Il a écrit de la poésie vers quatorze ans, d’abord à la manière de Musset, avec des alexandrins, puis comme Lamartine. (Progeso Marin, Entretien avec Eugène Guillevic, p. 4)
Il doit travailler pour gagner sa vie. En 1925, il est un excellent traducteur de poètes de langue germanique : Trakl, Hölderlin, ou de dialecte alémanique comme Nathan Katz.
En 1926, il entre dans l’administration de l’Enregistrement puis en 1935, au Ministère des Finances de François Billoux. Il se marie une première fois en 1939 (de cette union sont issues deux filles) et vit alors à Paris. Avant la guerre, il est déjà l’ami de Jean Follain qui l’introduit dans le groupe « Sagesse », puis il a eu des liens forts avec l’École de Rochefort. À partir de 1935, il est l’admirateur et l’ami de Paul Eluard mais aussi de Reverdy, Tardieu, Aragon.
Il est un catholique pratiquant jusque vers trente ans, puis devient sympathisant communiste à partir de la guerre d’Espagne. En 1942, il se lie alors à Paul Eluard et participe aux publications de la presse clandestine (Pierre Seghers, Lescure). Il adhère au parti communiste en 1942 pour le quitter en 1980 après l’invasion de l’Afghanistan.
En 1942, il décide de s’appeler Guillevic sans mettre son prénom devant. C’est son choix délibéré et il s’agace quand on ne le respecte pas.
Cette même année, il publie son premier livre de poésie, « Terraqué » puis en 1947, « Exécutoire » qu’il dédie à Eluard, ensuite de nombreux autres dans des éditions de renom comme aux éditions Gallimard et Seghers, dont « Gagner » (1949), « Terre à bonheur » (1952 et 1985), « Ville » (1959), « Carnac » (1961), « Sphère » (1963), « Avec » (1966), « Euclidiennes » (1967), « Ville » (1969), « Paroi » (1970), « Encoches » (1970), « Inclus » (1973), « Du domaine » (1977), « Étier » (1979), « Autres » (1980), « Trouées » (1981), « Requis » (1983), « Art poétique » (1989), « Le Chant » (1990), « Possibles futurs » (1996)…
De 1965 à 1970, il est aimé, compris à l’étranger et sa poésie est accueillie avec enthousiasme en Hongrie. On le nomme « poète du monde ». En 1976, il obtient le Grand Prix de poésie de l’Académie française et en 1984, le Grand prix national de la poésie. En 1980, il se marie avec Lucie Albertini.
Il prendra sa retraite en tant qu’inspecteur de l’Économie nationale. Il aura publié pendant toute sa vie, des poèmes et on recense plus d’une trentaine de recueils. Il meurt à Paris, en 1997. Nous célébrons donc cette année, en 2007, à la fois le centenaire de sa naissance et les dix ans de sa mort. À cette occasion, les cendres de ce poète reposent à Carnac où un « lieu de mémoire a été inauguré en août 2007. (La Nouvelle République du 6 août 2007)
Mars 1998, janvier et novembre 2007
Catherine RÉAULT-CROSNIER